Kālī

Kālī

Déesse du temps, des ennemis et du changement »

kali-calendrier-04-jpJour de vénération : Dimanche
Planète associée  : Saturne
   Couleur : Noir

 Kālī est une déesse bien étrange comparée aux autres déesses de notre tradition comme les bienveillantes Mères Pārvatī, Lakṣmī ou Sarasvatī. La forme sous laquelle Kālī apparaît peut laisser plus d’un non-initié dérouté voire révulsé. Mais ne nous y trompons pas. Le secret de cette déesse est aussi vaste que le temps car elle est justement la « Déesse du Temps » dans ses phases de destruction et de renaissance. Le jeu de Kālī est intimement lié au processus de re-création. Car là où il y a destruction se cache toujours un petit souffle de création.

Kālī nous vient de loin. A l’époque védique elle n’apparaît pas sous la forme courroucée que nous lui connaissons actuellement mais est invoquée comme l’une des sept langues d’Agnī, le dieu du feu : elle consume tout ce qui doit être nécessairement réduit à néant. Dans les purana, elle est est la forme émanée de la déesse Durgà pour l’aider à détruire le démon raktabīja.

Kālī est l’énergie divine qui s’anime dans le but d’assainir et de purifier. Certes, son aspect effrayant renvoie à celui qui la contemple son terrifiant pouvoir de destruction. Mais son nom Kālī dérive du mot Kāla le Temps en sanskrit, principe masculin qui peut détruire et donner vie à toute chose. En tant que Śakti, énergie, elle est donc « Kālī » le féminin de Kāla, le Temps. Dans la tradition, c’est toujours Śakti, le féminin qui agit. Ainsi, celui qui vénère Kālī est libéré de la peur de la destruction et de la marche irréversible du temps car il entre justement dans cette dynamique, celle indiquée par cette déesse. Quand elle est invoquée comme puissance transcendante du temps, Mahākālī est aussi l’Origine, Adyā, ou la Première, Prathamā. épouse de Mahādeva, le Grand dieu øiva.

 Kālī est représentée debout sur les débris de l’Univers en ruine,  tandis que Śiva demeure étendu, impuissant, comme un mort. Les tantras précisent à ce sujet que sans le « i » symbole de sa puissance, Śiva n’est plus qu’un Śava mot sanskrit qui signifie le cadavre. Ce cadavre est l’image de ce qui reste de l’Univers quand il retombe au seul pouvoir du temps-éternel. Cet univers peut être aussi bien notre quotidien à certaines périodes difficiles de la vie : la famille, le travail, les enfants, l’argent….ou encore notre mental avec ses pensées négatives, infernales et incontrôlables.

Kālī est représentée nue, le regard pénétrant. Sa nudité rappelle la nature non conditionnée de l’énergie universelle dont la danse joyeuse et animée est la vie et son contraire, la mort. Infinie par définition, elle ne peut donc être que représentée nue. Elle porte à son cou un grand rosaire mālā composé de crânes humains, dansant sur le corps inerte de Śiva. Ces têtes furent un jour animées de vie et rappellent qu’Elle réduit à néant tout ce qui fait obstacle à l’expression du plan divin. Elle est simple et quand elle est vêtue ce n’est que de l’univers, d’où son nom Digambarī, « Celle qui est vêtue d’espace. ». Les crânes de son collier représentent les 51 lettres de l’alphabet sanskrit. Elle porte une ceinture faite des bras qu’elle a coupés pour signifier la fin des actions négatives. Elle tient dans ses mains, une épée, l’épée des Durgā qui combat infailliblement tous les types de démons. Kālī se dresse aussi avec quatre bras comme l’image de l’accomplissement de toutes choses et de son emprise absolue sur tout ce qui existe. Ils attestent de son pouvoir sur les quatre directions de l’espace, identifiées au cycle complet du temps.

 Ce que Kālī attend c’est le sang du sacrifice de son dévot pour qu’elle le libère. Est-ce la mort (le sacrifice) d’une chèvre ou d’un mouton, l’offrande de viande ou d’alcool si cher au cœur de certains, et comme cela est pratiqué dans certaines régions de l’Inde et dans d’autres pays. Non rien de tout cela car un tel acte  ajoute à son karma la souffrance d’une créature de la terre et coupe sa vie. Sacrifier (en d’autres termes faire souffrir) une autre créature va-t-il changer spirituellement et humainement celui qui ôte la vie ? Depuis que des millions de cabris ou de chèvres sont sacrifiés pour Kālī, nous devrions avoir des êtres humains regorgeant de perfection et de sagesse sur cette terre ! On ne peut pas dire que l’on travaille sur la face sombre de son âme et demander à une autre créature de « payer » à sa place.  Le seul « sang » que Kālī attend, c’est le sacrifice de son dévot. Se sacrifier n’est pas mourir de sa mort physique ou de faire mourir un animal. Il s’agit de mourir à ses mauvais penchants, sacrifier son ego, ses défauts les plus coriaces, ses plus viles pensées, sa haine envers ses ennemis, ses vices….

 Kālī est considérée comme une déesse sanguinaire alors que le sens à donner à son culte est tout autre. Kālī brandit son épée d’un éclat éblouissant et tient une tête décapitée signifiant qu’elle seule sait mettre en œuvre les situations adéquates pour corriger les erreurs de ses enfants (ses adorateurs) quand la loi cosmique de Vérité, d’Amour et de Compassion n’est pas respectée.

 Kālī est priée pour :

  • Se sortir des situations difficiles, de la pauvreté, des pertes matérielles, des dettes ;
  • combattre la souffrance liée à la disparition de personnes chères ;
  • se libérer de l’accablement et l’inconfort moral, des terreurs, des envoûtements de toute sorte venant de sorciers ou d’ennemis ;
  • lutter contre ses passions, sa propre perversité, les pensées négatives et obsédantes ;
  • conjurer les effets maléfiques de la planète Sani-Saturne.

 L’une des particularités essentielles de sa vénération est de ne jamais demander à Kālī justice ou vengeance contre quelqu’un. Par sa vénération, il est possible de se débarrasser de tout ce qui obstrue le bon fonctionnement de la vie : problèmes, difficultés et pénuries quel que soit le domaine concerné. Elle aide à résoudre les graves problèmes familiaux, à contrôler les mauvais rêves et les cauchemars récurrents. Son champ d’influence étant puissant et l’un des plus vastes, la vénération de Kālī qu’elle soit motivée ou non par des problèmes accorde prospérité et vérité dans sa vie.

 Les offrandes pour Kālī

 fruits et fleurs : de préférence jaune, rouge ou mauve

  • tout type d’offrande de couleur noire
  • vêtements noirs ou jaunes,
  • citron vert, piments rouges, clous de girofle.

 Toute observance spécifique pour la déesse doit être menée sous le suivi bienveillant d’une personne habilitée à le faire.